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Un cheval et un empire : Bucéphale, Alexandre et l’héritage de Xénophon


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On raconte souvent qu’Alexandre le Grand a conquis un empire.Mais on oublie que sa première victoire ne fut pas un royaume…mais un cheval.

Un cheval noir, massif, au front marqué d’une tache blanche en forme de tête de taureau d’où son nom : Bucéphale (boukephalos, “tête de bœuf”).Un cheval réputé indomptable, dangereux, nerveux.Un cheval qui devait rencontrer, à douze ans à peine, celui qui deviendrait l’un des plus grands conquérants de l’Histoire.

Pour comprendre ce qui se joue dans cette rencontre, il faut remonter un siècle plus tôt, du côté de l’Attique, chez un cavalier philosophe… Xénophon.



Xénophon : le premier à penser la relation cheval–homme

Xénophon (430–355 av. J.-C.), disciple de Socrate, général, cavalier et écrivain, est l’auteur du plus ancien traité équestre connu : L’Art équestre (Peri Hippikès) et du Commandant de cavalerie (Hipparque).

Dans ces textes visionnaires, il défend une idée révolutionnaire pour l’Antiquité :

“Le cheval n’obéit ni par crainte ni par violence,mais par confiance et par douceur.”

Tout est déjà là :

  • observer avant d’agir,

  • comprendre la peur du cheval plutôt que la punir,

  • travailler dans la légèreté, la patience et la mesure,

  • créer un duo où l’homme et le cheval sont partenaires.

Près de 2 400 ans plus tard, ce sont les mêmes mots : nous n’inventons rien, tout est déjà écrit.


Un jeune prince et un cheval que nul ne maîtrise

Plutarque (philosophe, historien et biographe grec) raconte la scène.Un marchand de Thessalie présente à Philippe II, roi de Macédoine, un étalon magnifique mais impossible à approcher. Les cavaliers s’énervent, l’animal se cabre, donne des coups, refuse le mors.

Philippe refuse d’acheter « un cheval inutilisable ».

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Mais Alexandre douze ans, à peine un adolescent s’avance.Il ne regarde pas la force, ni l’allure, ni la valeur marchande.Il regarde le regard du cheval.

Et il voit ce que personne n’a vu :Bucéphale a peur de son ombre.

C’est un éclair de compréhension un geste exactement dans la ligne de Xénophon, qui écrivait :

« Un bon cavalier doit connaître les causes qui troublent le cheval et les apaiser avec douceur. »

Alexandre s’approche lentement, tourne l’étalon face au soleil pour éliminer l’ombre, pose sa main sur l’encolure, lui parle doucement, respire à son rythme…Le cheval se calme.Puis il se laisse monter, tranquillement.

Le roi Philippe de Macedoine, stupéfait, dit à son fils :

« Trouve-toi un royaume plus vaste, car la Macédoine est trop petite pour toi. »



Bucéphale, le compagnon d’une vie


Bucéphale traverse avec Alexendre :

  • la conquête de l’Asie Mineure,

  • la victoire sur Darius,

  • le franchissement de l’Hindus,

  • les batailles d’Issos et de Gaugamèles,

  • l’expédition jusqu’en Inde.

Il n’est pas seulement une monture.Il est un partenaire d’armes, un compagnon fidèle, parfois blessé, parfois soigné de nuit par le jeune roi lui-même.

“Ce n’était pas un cheval de guerre.C’était un ami de route.”

Quand Bucéphale meurt, probablement vers 326 av. J.-C., Alexandre fonde en son honneur une ville : Bucéphalie, sur les rives de l’Hydaspe.Aucun autre cheval n’a reçu un tel hommage dans l'Histoire humaine.


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Xénophon, Alexandre,… et l’Ecole des Roys


Ce récit n’est pas qu’une belle histoire antique.Il révèle trois principes fondamentaux que partage l’Ecole des Roys :

1. Observer le cheval avant d’exiger quoi que ce soit

Alexandre a vu la peur avant de juger le comportement.C’est la clé de l’équitation raisonnée de Xénophon…C’est la base du travail éthique de votre école.

2. La douceur n’est pas faiblesse, mais intelligence

Ce n’est pas par force qu’Alexandre monte Bucéphale,mais par compréhension.C’est ce que nos cavaliers apprennent chaque jour à nos côtés.

3. La relation cheval–homme est le véritable empire

Bucéphale n’est pas l’instrument de la gloire du roi.Il en est le symbole, il est LE Roi.Un cavalier n’est jamais plus grand que son cheval 

et l’Ecole des Roys en fait une ligne de conduite, ici le roi est le cheval.



Un héritage vivant


Alexandre a peut-être conquis le monde, mais Bucéphale a conquis Alexandre.

Et derrière eux, dans l’ombre des siècles, on retrouve toujours la voix de Xénophon,celle qui affirme depuis l’Antiquité :

« Le cheval ne se conquiert pas.Il se gagne. »

Un message intemporel, un message pour les cavaliers d’hier, d’aujourd’hui, et de l’Ecole des Roys.


 
 
 

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